02 You don't know what love is (Don Raye - Gene de Paul)
Michel Tyszblat Jazz
Ecouter :
01 Sweet Georgia Bright (Charles Lloyd)
02 You don't know what love is (Don Raye - Gene de Paul)
03 Confirmation (Charlie Parker)
04 Dolphin Dance (Herbie Hancock)
Arigo Lorenzi : saxophone alto
Michel Tyszblat : piano
Frédéric Briet : contrebasse
Stéphane Planchon : batterie
La peinture est première dans ma vie, elle passe avant le jazz, même si j’ai rencontré l’une et l’autre dans l’enfance. Dès quatre ans, je suis fasciné par le piano, qui est la première chose que je cherche quand j’entre dans une pièce ou un appartement, et, à neuf ans, je commence l’étude de la musique classique avec une gentille dame pas très autoritaire.
Mais le jazz est là, un mot qui retentit comme une décharge électrique, une zébrure, une magie. Il déclenche chez moi une sensation de chaleur, de plaisir sensuel. Porteur, au départ, d’une signification pas très reluisante, il est devenu le nom d’un des arts musicaux les plus vivants du XXème siècle, et dès que mon professeur relâchait son attention, j’en profitais pour swinguer quelques airs à la mode ce qui la rendait folle. Au bout de cinq ans, le démon de l’improvisation m’a fait abandonner la musique écrite et j’ai bientôt fait la connaissance de jeunes gens qui avaient plus ou moins la même trajectoire que moi. Nous nous réunissions chez l’un ou l’autre et apprenions ensemble les principes de l’improvisation à partir des accords. J’ai bien sûr commencé par jouer Nouvelle Orléans, mais je me suis rapidement aventuré dans la complexité du be bop, une véritable transgression alors. On était en pleine querelle des anciens et des modernes et il arrivait qu’one n vienne aux mains.
Le jazz accompagne ma vie de façon constante, mais comme complément, respiration, détente, et malgré leur dénominateur commun qu’est l’improvisation, j’ai gardé séparé les deux domaines de la peinture et de la musique. Le jazz cependant me permet de rompre avec l’exercice solitaire qu’est la peinture. En jouant avec d’autres musiciens, j’affronte le public, je goûte aux délices du trac, de la mise en danger, plusieurs fois par mois. L’improvisation est grande au début, c’est chaque fois différent, puis le jeu se formalise, un langage se construit comme une manière, un style. Aujourd’hui c’est Bill Evans, mais je crois qu’au piano timbre, couleur phrasé, discours, je fais du Tyszblat.
Michel Tyszblat 2011.
So What - voir la série "L'île au Jazz"